La malédiction de Frankenstein et la mort lente de la superpuissance américaine.
Causeries du vendredi à Paris
La malédiction de Frankenstein et la mort lente de la superpuissance américaine
Que les lecteurs me permettent de sortir, exceptionnellement, cette semaine de la série « Des Egyptiens que j’ai connus à Paris » pour aborder les effets à long terme du retrait américain humiliant d’Afghanistan.
Le chercheur et - collaborateur au Centre CEMO à Paris- Roland Lombardi a utilisé la légende de Frankenstein pour parler de la répétition du retournement des groupes islamistes créés par les Etats-Unis d’Amérique contre eux, cette légende relatant le meurtre par cette créature de type robot ou Frankenstein de celui qui l’a fabriquée, ce que nous appelons dans notre patrimoine arabe « le magicien victime de sa magie ».
Les Etats-Unis n’ont pas retenu la leçon de l’organisation al-Qaïda en 2011, ni la leçon amère de Saigon au Vietnam, avant elle en 1975, ni celle des Moudjahines afghans contre les Soviétiques, dont ne sont sortis vainqueurs que les Talibans . Mais cette fois-ci n’est pas comme les précédentes, pourquoi ? Les Etats-Unis ne sont plus – face à la progression de la Chine – la première puissance économique. Ils ne sont plus – face au défi de petits Etats comme la Corée du nord et l’Iran, sans parler de la Russie – la force militaire qui s'impose au monde. En effet, la pandémie du coronavirus a montré jusqu’à quel point un petit Etat comme Singapour a pu maîtriser la pandémie, tandis que des millions d’Américains sont morts ou ont été contaminés.
La scène de la prise d’assaut du Congrès en pleine campagne pour les présidentielles ne diffère pas de celle de l’invasion par les Talibans du Palais présidentiel à Kaboul. L’effondrement du système bancaire américain en 2008 ne diffère pas de la facilité avec laquelle certains hackers ont piraté les sites d’institutions sécuritaires américaines sensibles en volant leurs contenus. Et peut-être pouvons-nous trouver un lien entre ces événements ?. Le « rêve américain » s’est-il transformé en « cauchemar américain » ?
Les historiens comme moi examinent l’histoire des empires comme le médecin examine le malade grave et sait combien il lui reste de temps à vivre . .
Il y a indices de la fin des empires qui ne diffèrent pas beaucoup des indices de la fin imminente d’un malade.
Le mois prochain, vingt ans auront passé depuis l’effondrement des deux tours de Manhattan.
Peut-être la statue de la liberté (réalisée par le Français Auguste Bartholdi pour le Canal de Suez à la demande du khédive Ismaïl) va-t-elle chercher à retourner à l’une de ses patries d’origine : l’Egypte et la France, parce qu’elle veut rester témoin de la liberté et non pas du décès du dernier des empires de la civilisation occidentale ?.